L’Art au XVIIe siècle

Le style auquel Louis XIII a donné son nom s’étend sur une période plus longue que son règne : de la mort de Henri II (1589) à l’accession au pouvoir de Louis XIV (1661). Une activité intellectuelle remuante accompagne une prodigieuse soif de vivre. C’est l’époque des Mousquetaires, du Cid, de Galilée.

 

En Europe, les influences espagnoles, italiennes, flamandes s’entrecroisent. Elles prennent l’aspect de véritables modes et vivent et meurent avec la même rapidité. En Angleterre : le style élisabéthain, en Italie : le maniérisme ; en Espagne : la fin du siècle d’or.

Après les rivages et le climat d’insécurité provoqué par les guerres de religion, les Français recherchent stabilité et confort. C’est ainsi que de nombreux hôtels particuliers et châteaux aux briques rouges et fenêtres hautes sont construits à cette époque à Paris et en province, hôtels du Marais, de la Place des Vosges, de l’Ile-Saint-Louis.

A l’intérieur, les pièces se font plus nombreuses, leur distribution se modifie et elles sont traitées avec plus d’exigence et de raffinement. Pour répondre à ces changements, la fabrication des meubles, des tapisseries, des tissus connaît une demande croissante. On attache plus d’importance à la commodité, la forme, la technique de fabrication du meuble.

D’une allure géométrique et d’une conception rigoureuse, les meubles de l’époque Louis XIII sont plaqués, tournés, moulurés. Leur forme générale est très architecturée, sobre et souvent massive. Ils sont en chêne, noyer. Le poirier noirci, l’ébène, sont utilisés pour le placage.

Les menuisiers appliquent la technique du tournage à toutes les parties des sièges, aux entrejambes des tables, des coffres, des cabinets, aux colonnettes des armoires. La mouluration est importante ; elle encadre généreusement les différentes parties du meuble.

L’ornementation perd la délicatesse et la fantaisie qui caractérisaient la Renaissance pour devenir lourde, massive. Les motifs employés à cette époque sont : les entrelacs qui entourent des rosettes de leurs boucles, des coquilles rondes, des godrons, des têtes de lions ou de béliers.

La verrerie « façon Venise » très originale, était l’œuvre d’Italiens venus en France. Certains verres représentaient des serpents, des dauphins.

Des ouvriers étrangers ont été autorisés à venir s’installer à Paris, dans les galeries du Louvre. Ce sont des orfèvres, des horlogers, des graveurs sur pierre, des menuisiers, des tapissiers des fabricants de tapis qui travaillent pour la cour et le public. Ils jouissent de nombreux privilèges et forment des apprentis qui, peu à peu, s’installant à leur tour, deviendront les admirables artisans du Grand Siècle.

Château de Versailles

A partir de 1661 et jusqu’à la fin du siècle, le sobre et massif style Louis XIII disparaît peu à peu au cours des premières années du règne de Louis XIV. Puis, les grandes lignes du style Louis XIV s’affirment et se précisent. Elles seront tout à fait fixées entre 1670 et 1680, années qui marquent l’apogée du règne.

Le style Louis XIV est un style homogène, imprégné de culture latine et de grandeur romaine mais complètement dégagé de l’italianisme et des fantaisies de la Renaissance. Un style qui vise la glorification de l’idée de l’Etat incarné dans la personne du Roi. Un style qui se reconnaît à l’équilibre, au goût de la symétrie, à l’ampleur des lignes et à un profond mépris pour le désordre et les caprices de la nature.

La réalisation du Château de Versailles restera le symbole grandiose du style Louis XIV. Symbole du pouvoir absolu qui concrétise une tendance à la réalisation de complexes ouverts qui donnent l’effet d’espaces infinis, divisés géométriquement par des parterres de fleurs et de haies basses, de grands bassins d’eaux immobiles, de canaux, des fontaines.

Le grand Trianon, 1687**

Ce Roi-Soleil, qui se veut universel et éclatant, saura s’entourer d’innombrables artistes dont le génie créateur aura pour occupation principale de servir sa munificence : le peintre Charles le Brun ; l’ébéniste André Charles Boulle ; les architectes Louis le Vau, André le Nôtre, Jules Hardouin Mansart (nommé architecte royal, surintendant général aux bâtiments du Roi, travaillèrent presque exclusivement pour Louis XIV.

 

Le style Louis XIV marque une étape importante dans l’histoire du meuble : celui à usages multiples disparaît au profit du meuble individualisé et à utilisation précise. Seule la province continue à faire des coffres et les derniers cabinets. Les meubles en bois massif sont en châtaignier, en noyer ou en chêne. Ils peuvent être naturels ou peints en couleurs vives ou bien encore dorés ou argentés.

La marqueterie, dont André Charles Boulle est le maître incontesté, connaît un grand développement. Des meubles somptueux, enrichis d’incrustations en bronze, en cuivre et en étain sur de l’écaille, seront réalisés dans les ateliers du Louvre et imités dans toute l’Europe. Des bois aux couleurs variées et contrastées sont utilisés : le jaune de l’amandier et du buis, le blanc pur du houx, le rouge du poirier, la gamme des bruns allant jusqu’au noir du noyer….

Le bronze ciselé, finement travaillé, est très employé dans l’ornementation. Les motifs décoratifs sont communs aux bronzes et aux bois sculptés. On découvre des masques à figures humaines cernés de rayons solaires, d’où leur nom de soleils.

Peu avant la fin du siècle, un déclin s’amorce : le roi est appauvri par des guerres qui s’éternisent, les artisans sont envoyés aux armées. Le style n’est plus l’expression du pouvoir royal.