Plus qu’un style, la Régence est un état d’esprit qui dépasse largement la courte période de la Régence de Philippe d’Orléans (1715-1723).
La grâce et l’élégance remplacent le protocole, on ne recherche plus la majesté et la gloire mais une certaine vivacité intellectuelle, une certaine légèreté pleine d’équilibre et de délicatesse. C’est l’époque du peintre Antoine Watteau, de l’écrivain Bernard Fontenelle et du poète Marivauxqui marquent un tournant dans la conception des arts et de la littérature
Un répertoire décoratif nouveau fait appel au naturalisme où motifs animaliers et floraux se mêlent aux coquilles godronnées, aux palmettes, aux dragons et serpents ailés..
Les meubles subissent des modifications en perdant leur aspect massif pour une plus grande fonctionnalité et une plus grande élégance.
Le secrétaire à abattant est très apprécié. Il est entièrement décoré de panneaux plats à l’intérieur desquels se trouvent des motifs légèrement sculptés.
La commode à la Régence ou en tombeau, en marqueterie ou en bois massif est caractéristique, de même que la commode en arbalete.
Les sièges deviennent sous la Régence moins encombrants, plus maniables, plus « aimables » tout en gardant leurs plans rectilignes.
C’est peu après la majorité de Louis XV en 1723, que s’affirma le style qui devait porter son nom.Le charme et le raffinement des meubles de l’époque remplaça la solennellité des grandes pièces d’apparat du règne précédent.
Les pièces des nouvelles demeures sont plus nombreuses et d’un usage plus spécialisé. On y distingue plusieurs salons : salon de compagnie, petit salon, salon de musique, sans compter le boudoir, la bibliothèque, le cabinet à écrire et vers 1740, la salle à manger.
Toutes ces pièces sont meublées avec le souci constant du raffinement et de la commodité. Aux murs les lambris colorés, vernis et sculptés remplacent les marbres.
Sous Louis XV, l’ornementation est caractérisée par l’emploi de la ligne courbe qui assouplit les formes et les motifs. Les lignes en C ou en S se cambrent nerveusement.
Ce sont les ornemanistes Oppenordt, Meissonnier qui les premiers puisèrent leur inspiration dans la nature. Ils furent suivis rapidement par les ébénistes, les sculpteurs, les peintres, les orfèvres. On a donné le nom de rocaille à un rocher de bronze ou de faïence formant le socle d’un objet, puis le terme s’est étendu à toute production tourmentée.
Le style rocaille, si caractéristique de l’époque Louis XV, se répandit rapidement dans toute l’Europe.
Parmi les meubles de menuiserie, les lits d’alcôve ou dits de travers – parce qu’ils sont placés parallèlement au mur – font leur apparition vers 1740 et connaissent un vif succès.
Le lit à la polonaise présente deux dossiers tandis que le lit à la turque en présente trois.
Les meubles d’ébénisterie : le mobilier d’époque Louis XV doit sa renommée à l’habileté et l’ingéniosité d’ébénistes tels que Cressent, Oëben, un des plus grands, Van der Cruse, les Migeon.
Les tables en marqueterie ou en laque sont très nombreuses sous Louis XV. Petites, gracieuses et fragiles, elles sont non seulement décoratives mais utiles. Grâce à l’imagination des artisans, il en existe une infinie variété.
On peut admirer la commode à la Régence ; la commode à pieds élevés ; la commode de religieuse ; la commode en console ; le chiffonnier.
La création des bureaux offre cette même diversité délicate et élégante où les artisans rivalisent d’ingéniosité et de raffinement.
On ne saurait oublier d’évoquer les horloges dont la taille haute et élancée permet de les classer parmi les meubles.
Le Style Louis XVI (1760-1789)
Le mobilier Louis XVI révèle un profond changement de répertoire décoratif. La façon de vivre n’ayant pas changé, les meubles sont toujours très nombreux, variés, à usage précis et adapté à une société raffinée.
L’imitation de l’Antiquité est très libre, pleine de fantaisie et de goût.
Le retour à l’Antique est synonyme avant tout du retour à la ligne droite : les lignes parallèles sont appuyées par des perpendiculaires. Il n’y a plus aucune sinuosité : seuls le demi-cercle et l’ellipse sont tolérés.
Les motifs décoratifs s’inspirent en général de l’art antique. Les éléments caractéristiques du style sont le chapelet de piastres, le nœud plat à deux boucles, la cassolette d’où s’échappent des nuages de fumée, la plaque en bronze finement striée et posée sur le dé de raccordement, la répétition en ligne de petits motifs (rosaces, perles, oves…), enfin, le médaillon toujours ovale, orné dans sa partie supérieure d’un nœud de ruban.
Les meubles de menuiserie : Les maîtres menuisiers exécutent comme sous Louis XV avec une grande virtuosité des meubles où se révèlent un goût très sûr du décor, un sens aigu du volume, une grande finesse d’exécution. Les sièges sont nombreux sous Louis XVI. Les dossiers sont carrés, en médaillon, en cabriolet garni d’un nœud, en chapeau ou plats.
Des plaques de porcelaine de Sèvres ornent certains meubles précieux dont le corps est en acajou. L’acajou massif est utilisé à tous les stades de la coupe. Le bois naturel est parfois laqué en blanc et gris rehaussé d’or.