L'économiste N°:4445 Le 21/01/2015
Récemment inauguré par le Souverain, en octobre 2014, le premier musée digne de ce nom ouvre le chemin de la démocratisation de l’art au Maroc
ou exposition à l’Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le Maroc joue dans la cour des grands. Exit les petites salles d’exposition improvisées ici et là, le pays fait table rase de l’art abordé en amateur. L’écrin, toujours plus choisi pour abriter les rendez-vous culturels en tous genres, est Marrakech. La ville ocre vient de clôturer son Salon national d’art contemporain, qui avait comme avantage d’être gratuit et donc ouvert à tout public. Du naïf, figuratif, des sculptures ou de la photographie, de l’art brut, expressionniste, l’éventail était largement déployé sur le travail de nos artistes, et notamment les jeunes créateurs trop souvent laissés dans l’ombre. A l’honneur de cette 3e édition, les œuvres d’artistes palestiniens et une vente aux enchères au profit des enfants de ce pays en mal de paix, organisée en février prochain. Une initiative qui, aux dires du ministre palestinien de la Culture, Zyad Abou Amr, présent pour l’inauguration, est “un hommage rendu à la Palestine et à son peuple qui lutte pour la liberté et l’indépendance”.
Tout ceci suit le mouvement de la politique de développement et de renforcement des infrastructures culturelles d’envergure au Maroc, avec en vedette le MMVI,
Enfin un espace où toutes les expressions de l'art se côtoient en harmonie. Du naïf, figuratif, des sculptures ou de la photographie, de l’art brut, expressionniste, l’éventail offert au public est vaste et permet aux artistes, connus et moins connus, de déployer leur talent
qui est la première institution muséale dans le Royaume à se consacrer entièrement à ces disciplines, et à répondre aux normes muséographiques internationales. Récemment inauguré par le Souverain, en octobre 2014, le premier musée digne de ce nom ouvre le chemin de la démocratisation de l’art au Maroc. Toutefois, les efforts à consentir pour y parvenir sont importants, particulièrement auprès des instances élues, qui rechignent à mettre la main à la pâte quand il s’agit de culture, et auprès d’un public encore trop frileux à hanter les couloirs des expositions, des salons et des musées. Mais, bonne nouvelle, la volonté royale ouvre la marche et le vivier d’artistes marocains est riche de talents, de toutes tendances et de toutes générations. Le MMVI joue la carte également de production d’oeuvres et de formation, avec comme partenaires le Louvre à Paris et le Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (Mucem) à Marseille. Un bon moyen pour faire naître de nouvelles compétences et profiter d’œuvres inédites au Maroc avec des expositions conjointes. Comment ne pas aborder également l’exposition événement à l’IMA, appelée “Le Maroc contemporain”. Une source de lumière à l’international sur la scène artistique marocaine contemporaine, qui prendra fin le 25 janvier. L’une des plus importantes jamais consacrées en France à la scène artistique contemporaine d'un autre pays.
Quand les Marocains plaisent
à Paris:
Certains artistes marocains, les plus connus, arrivent à tirer leur épingle du jeu. Pour autant, percer dans le monde de l’art international reste un défi, en particulier po ur les jeunes générations qui manquent de visibilité dans leur propre pays.
Une vente aux enchères, intitulée Moroccan Spirit, a été organisée à Paris par la maison Artcurial, le 25 novembre dernier, entièrement consacrée au Royaume chérifien. Un succès avec un total de vente s'élevant à 1,6 million d'euros, pour 64% des lots vendus. C’est ainsi que les Chevaux Galopant de Hassan El Glaoui s’est vendu à 26.000 euros ou son tableau L'Aouache, adjugé à 52.600 euros Autre réussite, la gouache Musique et joie d’Ahmed Louardiri cédée pour un montant de 73.700 euros. Une collection qui couvrait 140 ans de création marocaine, présentée en avant-première par la banque privée du groupe Attijariwafa bank à la Villa des Arts de Casablanca.
Santé de l’art dans le monde
Alors que le marché américain dominait le secteur des ventes aux enchères publiques d'œuvres d'art avec 2,38 milliards de dollars au premier semestre 2014, suivi par la Chine, le Royaume-Uni et la France, le chiffre d’affaires sur l’ensemble de l’année replace le marché chinois en tête avec 747,5 millions de dollars. Rien d’étonnant quand la République populaire de Chine totalise 6 sites de ventes aux enchères traditionnels sur les 10 dans le monde et près de la moitié des 100 artistes contemporains les mieux cotés pour ces deux dernières années. Même si la France n’est pas tout en haut de l’affiche, se maintenant depuis plusieurs années à la 4e place mondiale en termes de ventes d’art à travers le monde, sa capitale parisienne n’en reste pas moins une ville de référence du marché de l'art mondial. Très dynamique, Paris enchaîne les grands événements et a abrité en octobre dernier la 41e édition de la très fameuse Foire internationale d'art contemporain (FIAC).
Stéphanie JACOB