Le IXe siècle est marqué en Occident par le phénomène de « l’art carolingien » qui se définit avant tout comme une restauration des idées, des formes et du vocabulaire antique.
Après la « barbarisation » de l’Europe qui s’était étendue à tous les domaines de la civilisation, la période carolingienne inaugure une série de réformes de la langue, de l’écriture, du droit, de la vie spirituelle et religieuse. Ce mouvement naquit en Gaule vers l’an 700. Il s’amplifiera sous Charlemagne (768-814) qui, par ses conquêtes, réunit sous sa seule autorité l’ensemble de l’Occident avec l’intégration de l’Italie après le couronnement impérial de Charlemagne à Rome en l’an 800. Cette conquête de l’Italie par Charlemagne revêt une importance fondamentale parce qu’elle entraîne un retour délibéré vers l’Antiquité et la tradition gréco-romaine.
Autour de Charlemagne, se rassemblent des intellectuels venus de tous les horizons. La cour, établiE à Aix-La-Chapelle, devient un centre de rayonnement. En faisant appel aux Anglo-saxons, bons latinistes ; aux Juifs (de culture arabe venus d’Espagne) ; aux Byzantins, spécialistes du beau manuscrit, Charlemagne développe un essor culturel remarquable : littérature, philologie, sciences, arts décoratifs, architecture, industrie textile.
Pour la première fois depuis l’Antiquité, une ville nouvelle est créée selon les règles d’un véritable urbanisme. Centrée autour de la résidence impériale et de la chapelle palatine, l’architecture carolingienne reflète une imitation de Rome sans pour autant en être une copie servile.
Elle a su parfois adopter des solutions originales et montrer un intérêt particulier pour les problèmes de voûtements et de supports, qui préfigure celui de l’art roman. Une des plus remarquables innovations est attestée par l’apparition de vastes églises dont la forme générale est celle des grandes basiliques romaines tout en laissant apparaître à l’Est un puissant chevret de maçonnerie et à l’Ouest un second ensemble de constructions symétriques au premier.
Ces deux chevets abritaient chacun un chœur. Une construction voutée, qui occupait l’ensemble du chœur et à l’intérieur duquel on pouvait circuler et que l’on appelle crypte, construction située sous l’autel, abritant les reliques appartenant à l’Eglise.
Cette innovation architecturale de l’époque carolingienne est liée au développement du culte des reliques en Occident. L’art du bronze monumental connaît un essor remarquable comme en témoigne les grilles des tribunes et les portes de la chapelle palatine d’Aix.
Des fouilles, au début du XXe siècle ont retrouvé les vestiges d’un atelier de fonderie à Aix même et démontré l’origine carolingienne de ces bronzes.
Après la mort de Charlemagne, différents centres de l’Empire connaissent un éclatement de la renaissance carolingienne. Les peintures du célèbre manuscrit carolingien Les Evangiles d’Ebbon et les dessins à l’encre du Psautier d’Utrecht se caractérisent par le même style très proche des modèles hellénistiques. Metz, Tours constituent des centres majeurs de l’art carolingien (ornement floral des lettrines ornées d’un luxueux sacramentaire).
Des autels d’or et d’argent enrichis d’émaux et de pierres précieuses, réalisés par des orfèvres, demeurent les témoins de la splendeur de l’art carolingien dont certains manuscrits possèdent encore leur reliure d’orfèvrerie où sont fixées des plaques d’ivoire. Tel qu’il nous est conservé, l’art carolingien est un art essentiellement lié au souverain ou à son entourage.
L’effondrement de l’Empire carolingien marque une rupture profonde de la civilisation occidentale et ainsi apparaît l’époque romane.