Le mouvement Art Nouveau (1880-1912)

Ch. R. Mackintosh, intérieur de Hill House ( 1902-1903)**

L‘Angleterre connut à la fin du XIXe siècleun mouvement pour la réforme des arts appliqués. William Morris, peintre, écrivain et décorateur anglais en fut l’inspirateur :ainsi est né le mouvement Arts and Crafts (arts et métiers).

Partisan d’une symbiose parfaite entre art et artisanat William Morris créa le premier magasin d’objets mobiliers et de décoration à la portée de la bourgeoisie moyenne. Il appelait celà l’art du peuple pour le peuple.

L’Arts and Crafts Exhibition Society fut constituée et commença à organiser, à Londres des expositions de meubles, de tapisseries, d’objets de décoration, d’étoffes…. Morris, Ashbee, Crane, Charles A. Voysey, dont la tendance au dépouillement est très marquée, participèrent à ces expositions. Ces artistes voyaient dans le retour au travail artisanal le moyen de dépasser l’aliénation de l’art par l’industrie.

Dessin de Ch. R. Mackintosh (1896-97)

A l’instar de J. Ruskin et E. Viollet-le-Duc, ils dénoncent une production de masse et commerciale indifférente à la valeur esthétique et lui opposent la créativité de l’individu. A travers ces expositions et la réalisation d’édifices, d’un néo-gothique sobre, ces artistes diffuseront en Angleterre et sur le continent leurs inventions décoratives où domine l’arabesque florale.

Dans le reste de l’Europe, l’Art Nouveau, apparu à la même période, se propose également de promouvoir l’art au service de la vie, en apportant une réponse aux exigences de modernité et au désir profond d’imprimer un style nouveau au siècle naissant.

C’est un art qui aspire à se libérer de toute référence stylistique au passé. Il s’est développé en Europe, autour de plusieurs centres, sans que l’un d’eux ait pris la tête du mouvement, dans les domaines de l’architecture et des arts décoratifs.

Il prendra différentes appellations selon les pays : Modern Style en Grande Bretagne, Liberty en Italie, Arte Joven en Espagne, Style Coup de fouet ou Velde Style en Belgique, Jugenstil en Allemagne. En France, le terme vient du nom donné par Samuel Bing au magasin qu’il ouvrit en 1895 à Paris. Certains, par dérision, donneront à cet art l’appellation style nouille ou style métro.

Ces termes, dans leur acception générale, traduisent une profonde volonté de s’affranchir des styles du passé et de l’éclectisme qui dominaient ce siècle. Bien que les peintres aient été les initiateurs de ce mouvement, la peinture perd la suprématie qu’elle avait eue pendant ce demi-siècle.

Façade de l’Atelier Elvira (1898) de A. Endell.

Dans le développement de l’Art Nouveau, la peinture devient un élément du décor. L’architecture elle-même n’est plus la mère de tous les arts. Cependant, ce sont les architectes qui, voulant donner une conception unitaire de l’ensemble, se sont intéressés à la décoration intérieure, dessinant jusqu’au moindre objet.

Les arts graphiques comme la gravure, la lithographie, l’affiche, ainsi que les arts du livre, la typographie et la reliure, ont connu un essor remarquable.

La spécificité de l’Art Nouveau réside dans ses intentions théoriques qui peuvent se résumer à ces deux idées-forces : l’unité de l’art et l’art pour tous. Cette recherche d’unité de conception exigeait en architecture une cohérence entre structure décoration et mobilier et conduisit les artistes à dessiner tout, des plans de maçonnerie à chaque élément du mobilier.

 

Grand escalier de la maison Horta (1898) Bruxelles.

Dans les ateliers, de grands ébénistes, -Majorelle, Vallin, Gallé, Gaillard, Cona, Prouve, Rupert, – qui étaient souvent aussi des céramistes, des orfèvres, des verriers, des architectes, des décorateurs, créent des meubles luxueux en employant de matériaux coûteux. D’autre part, des fabricants produisent en série des meubles à bas prix et de qualité médiocre.

L’art nouveau cherche à tirer parti des possibilités techniques et expressives qu’offraient les nouveaux matériaux (fer, verre, ciment). La représentation de la nature, des motifs floraux en particulier, coquelicots, pavots, volubilis, fougères, lianes, chardons, nénuphars, libellules et papillons sera présente sur les meubles en bois d’acajou, entrera dans les décors de verre teinté, soufflé, vases et lampes signés Lalique, Galle, Daum.

Pavillon de la Sécession viennoise (1898) de J. M. Olbrich

A Bruxelles, en 1893, un jeune architecte, Victor Horta, offrit la plus parfaite expression architecturale de l’Art Nouveau en dessinant l’Hôtel Tassel. Une cage d’escalier spectaculaire forme le pivot de la distribution axiale et symétrique de l’édifice.

A Paris, Guimard, auteur des célèbres stations de métro de Paris à Bruxelles, Van de Velde, à Munich Endell figurent parmi les artistes les plus éloquents de l’Art Nouveau.